Par Rachid Kechad.
La rédaction de ce témoignage m’a amené à m’approcher d’un panel de personnes ayant connu ou côtoyé cet homme, en vue de réunir les informations utiles et des affirmations tangibles sur le parcours qui avait caractérisé sa vie. Evoquer Moh Ath Blaid et retracer fidèlement son itinéraire, exigent du talent et des aptitudes littéraires. Dommage, l’art d’écrire n’est pas ma vocation. Par devoir de souvenance et pour bannir la culture de l’oubli, je prends présentement du plaisir à lui rendre hommage « tardivement », par ce modeste écrit.
Toutes les personnes consultées ou sollicitées, se convergent, sur le même mot d’ordre, telle une consigne : Hommage de respect et d’admiration pour ce brave homme. Eh oui, à son époque Dhnatsa Itsaderth. Je reproduis là, l’expression de l’un des interlocuteurs.
Ce récit consiste, en fait, à résumer succinctement, la vie et les principales activités et les actions de Moh Ath Blaid Khaldi, de montrer les différentes facettes de sa vie et de situer son rôle dans la société.
Il était né en 1900, Fils de Amar et de Hatem Hadda Namhadh. Issu d’une famille pauvre comme l’écrasante majorité des familles à cette époque, Il s’était marié dans les 1920 avec Issad Melha. De ce mariage naquit un garçon, nommé Amar. Moh Ath Blaid était grand de taille, d’une allure imposante, une forte corpulence, avec un visage très expressif. Il était une personne très responsable, sérieuse et respectable. Il portait souvent, un pardessus qu’on appelait communément « Trois –Quarts »et un trousseau de clefs, continuellement attaché à sa ceinture.
Durant sa vie, il avait exercé une multitude de métiers et de tâches, désignés ci-après, d’une façon non exhaustive :
• Manœuvre pour quelque temps, dans une unité de fabrication de fil de fer Barbelé en France. Par manque d’adaptation dans l’hexagone, il avait regagné son village natal pour se consacrer, sans être contraint, aux différentes activités d’intérêt général.
• le métier de Fabrication artisanale de tuiles Kabyle en terre cuite d’argile, en compagnie de ces frères. Sans exceller dans le métier, il avait tout de même, réalisait occasionnellement, des travaux de maçonnerie.
• le Lavage mortuaire et la préparation des défunts. Il faisait cette tâche dans le village et dans les villages limitrophes. Il avait de tout temps exécuté ce travail avec soin et dans la discrétion absolue. Il effectuait ses déplacements, en dehors du village, sur le dos de son âne et, sans exiger le moindre sou en contrepartie de cette tâche, Moh Ath Blaid, s'occupait gracieusement de la toilette mortuaire des défunts.
• Maintenance et Entretien périodique des fontaines publiques (Thala bada, Thala Ouffela, Thala Guefrane). Avant la période des chaleurs, il procédait systématiquement au nettoyage, au rinçage à grande eau et à la désinfection des
réservoirs de stockage, à la javellisation des eaux potables pour prévenir contre les maladies provenant de l’eau, appelées de nos jours « Maladies à transmission hydrique (MTH). » En fin de travaux d’entretien, il avait l’habitude, d’insérer dans les bassins «Imidhek » Pistachier lentisque, pour aromatiser l‘ eau. Anciennement, son L'huile était utilisée contre la bronchite, l'asthme, la sinusite, l'eczéma et les brûlures. Les feuilles quant à elles sont utilisées pour préparer des tisanes efficace pour les problèmes de l'appareil digestif (ulcère, colopathie, parasites).
En été, il procédait à l’ouverture et à la fermeture, à des heures préalablement fixées, les fontaines publiques susmentionnées. A cette époque, l’eau de robinet n’existait pas, elle était une matière précieuse et rare. Elle était rationnée impartialement entre les foyers. Les familles ayant une cérémonie, telle que la fête de mariage, pouvaient s’approvisionner sans restriction aucune, les autres, avaient droit à une cruche ou un bidon de 20 litres par personne adulte. l’organisation imposée par Moh Ath Blaid, était irréprochable, aucun dépassement n’était admissible. Chacun et chacune attendaient son tour dans le calme. Le remplissage de bidons de moins de dix litres n’était pas autorisé. Aucune goutte d’eau ne devait être gaspillée, un bien vital à protéger. Les indisciplinés n’avaient pas de place chez Moh Ath Blaid, aussitôt repérés, ils furent fermement remis à leur place. Il était le véritable maitre de la gestion des eaux dans le village. Géniale comme idée, Vava Moh, avait tout de même eu, le bon réflexe de laisser, en tout temps, un robinet à peine ouvert, pour permettre à tout passager (Amssavridh) d’étancher sa soif. Il était le ‘PDG’ « d’Ath Bouyahia Des Eaux (ADE) ».
Pour les travaux de construction, l’eau était transportée de Thala Bollal, fontaine située, au bas du village, sur la route menant vers Ait Khelfoun, surplombant le village Timegnounine.
• Rôle de Crieur public »Avarah » (relais de communication de message par voie orale) pour l’annonce d’événements importants, tels que le décès, la perte d’objets de valeur, de cheptel et de l’annonce du début et de la fin de l’interdiction de la cueillette des figues fraiches. Autrement dit en Kabyle »Lakhdha nagh Thawaksa Lakhdha Af lakhrif. » Toutefois, un privilège fut accordé aux émigrés en congé au village, à cueillir en toute quiétude, mais dans la discrétion, les figues fraiches, durant la période de prohibition.
• La pratique de castration des boucs, qui a pour objectif, l’engraissement, de les rendre familier, non agressif et d’empêcher la reproduction.
• De par son savoir faire en matière d’agriculture et du calendrier agricole kabyle, il Prodiguait aux demandeurs, Conseils et orientations en techniques agricoles.
• Sa maison faisait office de « Bureau » d’objets perdus ou trouvés, notamment les clefs et les choses de valeurs.
• Complètement attentif aux préoccupations de ses concitoyens, il avait en tout temps assuré au mieux, la tranquillité de ses compatriotes et, la préservation des biens privés et publics, en faisant des rondes nocturnes ,en sa qualité de garde champêtre.
• L’annonce des cinq prières, (Mouadhen) par intermittence, au niveau de la mosquée « Thakoravth » située juste tout près de la placette « El Djema Bouada. »
• En Homme de confiance et de fidélité, « Dharguez na-sser dhLaman » Il faisait office de « Banque » aux gens préoccupés de conserver leur argent en sécurité.
Tout son parcours a été d'un dévouement sans faille aux intérêts de son village, au service des autres, il est, à mon avis, l’homme auquel s’applique parfaitement ce Hadith :
« Les êtres les meilleurs, sont ceux qui sont les plus utiles aux autres. »
Comme chaque vie a une fin, Vava Mouh Ath Blaid, à l’âge de 80 ans Parachève l’écriture du livre de sa vie. Après une courte maladie, il s’éteint en 1980 dans la tranquillité. Pour ma part, il est toujours vivant parmi nous, parce qu’il est tout simplement un « Grand Monument » L'excellence d'un homme se mesure à ses vertus, qui sont, l'amour des lois et de la patrie (là, j’ai repris un extrait de Montesquieu.) C’était l’Histoire d’une personne ordinaire qui a marqué sa vie d’une empreinte indélébile. Repose en paix, Akirham Rabbi à Vava Moh.
Rachid Kechad
La rédaction de ce témoignage m’a amené à m’approcher d’un panel de personnes ayant connu ou côtoyé cet homme, en vue de réunir les informations utiles et des affirmations tangibles sur le parcours qui avait caractérisé sa vie. Evoquer Moh Ath Blaid et retracer fidèlement son itinéraire, exigent du talent et des aptitudes littéraires. Dommage, l’art d’écrire n’est pas ma vocation. Par devoir de souvenance et pour bannir la culture de l’oubli, je prends présentement du plaisir à lui rendre hommage « tardivement », par ce modeste écrit.
Toutes les personnes consultées ou sollicitées, se convergent, sur le même mot d’ordre, telle une consigne : Hommage de respect et d’admiration pour ce brave homme. Eh oui, à son époque Dhnatsa Itsaderth. Je reproduis là, l’expression de l’un des interlocuteurs.
Ce récit consiste, en fait, à résumer succinctement, la vie et les principales activités et les actions de Moh Ath Blaid Khaldi, de montrer les différentes facettes de sa vie et de situer son rôle dans la société.
Il était né en 1900, Fils de Amar et de Hatem Hadda Namhadh. Issu d’une famille pauvre comme l’écrasante majorité des familles à cette époque, Il s’était marié dans les 1920 avec Issad Melha. De ce mariage naquit un garçon, nommé Amar. Moh Ath Blaid était grand de taille, d’une allure imposante, une forte corpulence, avec un visage très expressif. Il était une personne très responsable, sérieuse et respectable. Il portait souvent, un pardessus qu’on appelait communément « Trois –Quarts »et un trousseau de clefs, continuellement attaché à sa ceinture.
Durant sa vie, il avait exercé une multitude de métiers et de tâches, désignés ci-après, d’une façon non exhaustive :
• Manœuvre pour quelque temps, dans une unité de fabrication de fil de fer Barbelé en France. Par manque d’adaptation dans l’hexagone, il avait regagné son village natal pour se consacrer, sans être contraint, aux différentes activités d’intérêt général.
• le métier de Fabrication artisanale de tuiles Kabyle en terre cuite d’argile, en compagnie de ces frères. Sans exceller dans le métier, il avait tout de même, réalisait occasionnellement, des travaux de maçonnerie.
• le Lavage mortuaire et la préparation des défunts. Il faisait cette tâche dans le village et dans les villages limitrophes. Il avait de tout temps exécuté ce travail avec soin et dans la discrétion absolue. Il effectuait ses déplacements, en dehors du village, sur le dos de son âne et, sans exiger le moindre sou en contrepartie de cette tâche, Moh Ath Blaid, s'occupait gracieusement de la toilette mortuaire des défunts.
• Maintenance et Entretien périodique des fontaines publiques (Thala bada, Thala Ouffela, Thala Guefrane). Avant la période des chaleurs, il procédait systématiquement au nettoyage, au rinçage à grande eau et à la désinfection des
réservoirs de stockage, à la javellisation des eaux potables pour prévenir contre les maladies provenant de l’eau, appelées de nos jours « Maladies à transmission hydrique (MTH). » En fin de travaux d’entretien, il avait l’habitude, d’insérer dans les bassins «Imidhek » Pistachier lentisque, pour aromatiser l‘ eau. Anciennement, son L'huile était utilisée contre la bronchite, l'asthme, la sinusite, l'eczéma et les brûlures. Les feuilles quant à elles sont utilisées pour préparer des tisanes efficace pour les problèmes de l'appareil digestif (ulcère, colopathie, parasites).
En été, il procédait à l’ouverture et à la fermeture, à des heures préalablement fixées, les fontaines publiques susmentionnées. A cette époque, l’eau de robinet n’existait pas, elle était une matière précieuse et rare. Elle était rationnée impartialement entre les foyers. Les familles ayant une cérémonie, telle que la fête de mariage, pouvaient s’approvisionner sans restriction aucune, les autres, avaient droit à une cruche ou un bidon de 20 litres par personne adulte. l’organisation imposée par Moh Ath Blaid, était irréprochable, aucun dépassement n’était admissible. Chacun et chacune attendaient son tour dans le calme. Le remplissage de bidons de moins de dix litres n’était pas autorisé. Aucune goutte d’eau ne devait être gaspillée, un bien vital à protéger. Les indisciplinés n’avaient pas de place chez Moh Ath Blaid, aussitôt repérés, ils furent fermement remis à leur place. Il était le véritable maitre de la gestion des eaux dans le village. Géniale comme idée, Vava Moh, avait tout de même eu, le bon réflexe de laisser, en tout temps, un robinet à peine ouvert, pour permettre à tout passager (Amssavridh) d’étancher sa soif. Il était le ‘PDG’ « d’Ath Bouyahia Des Eaux (ADE) ».
Pour les travaux de construction, l’eau était transportée de Thala Bollal, fontaine située, au bas du village, sur la route menant vers Ait Khelfoun, surplombant le village Timegnounine.
• Rôle de Crieur public »Avarah » (relais de communication de message par voie orale) pour l’annonce d’événements importants, tels que le décès, la perte d’objets de valeur, de cheptel et de l’annonce du début et de la fin de l’interdiction de la cueillette des figues fraiches. Autrement dit en Kabyle »Lakhdha nagh Thawaksa Lakhdha Af lakhrif. » Toutefois, un privilège fut accordé aux émigrés en congé au village, à cueillir en toute quiétude, mais dans la discrétion, les figues fraiches, durant la période de prohibition.
• La pratique de castration des boucs, qui a pour objectif, l’engraissement, de les rendre familier, non agressif et d’empêcher la reproduction.
• De par son savoir faire en matière d’agriculture et du calendrier agricole kabyle, il Prodiguait aux demandeurs, Conseils et orientations en techniques agricoles.
• Sa maison faisait office de « Bureau » d’objets perdus ou trouvés, notamment les clefs et les choses de valeurs.
• Complètement attentif aux préoccupations de ses concitoyens, il avait en tout temps assuré au mieux, la tranquillité de ses compatriotes et, la préservation des biens privés et publics, en faisant des rondes nocturnes ,en sa qualité de garde champêtre.
• L’annonce des cinq prières, (Mouadhen) par intermittence, au niveau de la mosquée « Thakoravth » située juste tout près de la placette « El Djema Bouada. »
• En Homme de confiance et de fidélité, « Dharguez na-sser dhLaman » Il faisait office de « Banque » aux gens préoccupés de conserver leur argent en sécurité.
Tout son parcours a été d'un dévouement sans faille aux intérêts de son village, au service des autres, il est, à mon avis, l’homme auquel s’applique parfaitement ce Hadith :
« Les êtres les meilleurs, sont ceux qui sont les plus utiles aux autres. »
Comme chaque vie a une fin, Vava Mouh Ath Blaid, à l’âge de 80 ans Parachève l’écriture du livre de sa vie. Après une courte maladie, il s’éteint en 1980 dans la tranquillité. Pour ma part, il est toujours vivant parmi nous, parce qu’il est tout simplement un « Grand Monument » L'excellence d'un homme se mesure à ses vertus, qui sont, l'amour des lois et de la patrie (là, j’ai repris un extrait de Montesquieu.) C’était l’Histoire d’une personne ordinaire qui a marqué sa vie d’une empreinte indélébile. Repose en paix, Akirham Rabbi à Vava Moh.
Rachid Kechad
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